Le retour
Le bison, le plus grand mammifère d’Amérique du Nord, représente l’un des derniers liens évolutifs avec le Pléistocène, une période (il y a 1,8 million à 11 550 ans) où les mammifères géants dominaient le paysage. Il y a à peine deux siècles, 30 à 60 millions de bisons parcouraient les plaines et prairies herbeuses et broussailleuses du continent, et leur aire de répartition s’étendait du Mexique au centre du Canada. À la fin du XIXe siècle, la chasse sportive et les massacres ont amené l’espèce au bord de l’extinction. En 1906, il y avait moins de 1 000 bisons sauvages et captifs en Amérique du Nord.
Depuis lors, la population de bisons du continent s’est accrue pour atteindre environ 450 000 animaux, en grande partie grâce aux efforts intensifs de conservation des espèces déployés au début du 20e siècle. Mais moins de 20 000 de ces animaux vivent à l’état sauvage, et nombre d’entre eux sont porteurs de gènes provenant de bovins ou d’autres sous-espèces de bisons. Aujourd’hui, la grande majorité des bisons sont élevés comme bétail. Lorsqu’il y avait des millions de bisons sauvages et que de grands troupeaux parcouraient les prairies ouvertes, leur capacité à se déplacer librement sur de vastes étendues leur permettait également de paître dans toute la région, vivant aux côtés de chiens de prairie, de furets, de chouettes des terriers et d’autres animaux des prairies. Ces herbivores américains par excellence ont façonné la végétation et le paysage en se nourrissant et en dispersant les graines de graminées, de carex et de plantes herbacées. Plusieurs espèces d’oiseaux se sont adaptées ou ont co-évolué avec les types d’herbe et les structures végétales broutées par des millions de bisons vivant en liberté au cours des millénaires.
L’un des plus gros problèmes auxquels sont confrontés les bisons aujourd’hui est le goulot d’étranglement génétique. Cela est dû au petit nombre de bisons qui ont survécu à leur quasi-extinction. Le terme « effet de goulot d’étranglement » décrit l’entrée de gènes provenant de bovins domestiques dans la population de bisons par hybridation. En réponse au tollé général, le Congrès américain a relâché des bisons en captivité dans le parc national de Yellowstone afin de reconstituer un troupeau sauvage. Plus de 100 ans plus tard, des efforts sont en cours pour réintroduire l’espèce alors que le buffle d’Amérique riposte ! Aujourd’hui, près de 2 500 buffles sauvages vivent dans le parc national de Yellowstone. C’est l’un des plus grands retours dans l’histoire de la conservation ! Les bisons ripostent !